Photo http://www.artediemmillenium.com/portfolio/le-talent-de-menilmontant/

Thierry Redler, comédien et réalisateur, est décédé hier, à l'âge de 56 ans. Jeudi, il avait été retrouvé inanimé sur son bateau au Vieux Port de la Rochelle par son fils Romain. Je suivais sa carrière car il a été l'un de mes camarades de classe au collège, à Ste Geneviève des Bois. Impossible d'oublier ce voisin de table, en 5e, turbulent et taquin au cheveu hirsute et à la mine ensommeillée. Chaque matin, on lui disait : "Tu t'es encore peigné avec un râteau, Thierry !". Cela nous amusait tellement de voir sa tête toute ébouriffée ! Dire qu'il a joué aux billes avec le père de mes enfants qui habitait dans le même quartier. Des moments de notre enfance vécus avec lui. C'est bien triste. Je pense à sa famille et surtout à sa petite Lou, orpheline, puisqu'elle a aussi perdu sa maman en 2011.

http://www.ouest-france.fr/la-rochelle-le-comedien-des-filles-da-cote-entre-la-vie-et-la-mort-2723942

Thierry est né le 22 février 1958 à Ste Geneviève des Bois (Essonne). La vie n'a pas été tendre pour lui. Alors qu'il est âgé de huit ans, sa mère meurt dans ses bras d'une embolie pulmonaire. Adolescent, il connait les maisons de redressement, puis plus tard, les médecins lui diagnostiquent le syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. Il s'intéresse enfin aux arts martiaux et à la danse. Il remporte en 1975, le Concours chorégraphique international de Bagnolet. On lui offre son premier rôle, à 17 ans, dans Le crime des innocents où il joue un soliste dans les ballets russes d'Irina Grjebina. Il enchaîne les films mais est aussi à l'affiche au théâtre. En 1993, il tient le rôle de Marc Malloy dans Les Filles d'à côté et dans Les Nouvelles Filles d'à côté. En 1998, sur les lieux de son enfance à Royan, en Charente-Maritime, il écrit et tourne un téléfilm quasi-autobiographique intitulé La Traversée du Phare qui obtient le prix Genève Europe du meilleur scénario de film européen de l’année. En 2000, il réalise à La Rochelle un deuxième téléfilm, suite du premier : Les Inséparables, prix spécial de jury de la « Fondation pour l'enfance ».

Il était le parrain de l'Association La Chaîne de l'espoir qui a pour mission de permettre aux enfants des pays en voie de développement d'avoir accès aux soins médicaux et chirurgicaux et à l'éducation scolaire. 

Thierry a eu 4 enfants de sa première union. Il a eu un cinquième enfant avec sa deuxième épouse (mère de Lou -10 ans) qui meurt en juin 2011 à l'âge de 38 ans, des suites d'un cancer du sein.

Durement éprouvé par la vie, dépressif, il tentera plusieurs fois de mettre fin à ses jours.

Il raconte ses drames ici :

http://www.voici.fr/news-people/actu-people/deuils-drogue-tentatives-de-suicide-thierry-redler-les-filles-d-a-cote-raconte-son-calvaire-496520/(page)/5

Adieu Thierry ! Repose en paix...

  Georges Moustaki au Grand Gala du Disque Populaire en 1974

                                  (Photo pour Wikipedia)

Un grand monsieur de la chanson française et merveilleux poète s’en est allé le 23 mai dernier. Georges Moustaki, de son vrai nom Giuseppe Mustacchi, est un auteur-compositeur-interprète français d'origine italo-grecque, né en 1934 à Alexandrie. Il grandit dans un environnement multiculturel  et se passionne vite pour la littérature et la chanson française. Venu à Paris en 1951, il exerce la profession de journaliste, puis de barman dans un piano-bar, ce qui l'amène à fréquenter des personnalités du monde musical de l'époque. Il entend ainsi Georges Brassens se produire un soir, et c'est pour lui une révélation. Il n'aura de cesse par la suite de faire référence à son maître, allant jusqu'à adopter son prénom. En 1958, le guitariste Henri Crolla  lui présente Édith Piaf, pour laquelle il écrira une de ses chansons les plus connues, Milord. Il aura avec elle une relation fougueuse, mais courte. Tout au long des années 1960, il se positionne comme un compositeur parolier pour les grands noms de la chanson française comme Yves Montand, Barbara et surtout Serge Reggiani. Il crée alors des chansons qui resteront parmi ses plus grands succès : Sarah, Ma solitude, Joseph et Ma Liberté ou encore La Longue Dame brune qu'il interprète alors en duo avec Barbara. Sa devise, tirée d'un écrit d'Antoine Blondin est « l'homme descend du songe ». En 1968, artiste engagé au moment des événements de mai 68, il écrit, compose et interprète Le Métèque, une ballade romantique qui parle d'un étranger un peu éthéré, doux rêveur, sans attache. C'est un grand succès international qui marque un nouveau début de sa carrière d'artiste. En janvier 1970, il fait son premier grand concert en vedette à Bobino. On découvre alors un artiste qui privilégie une ambiance chaleureuse, de proximité avec son public. Il est aussi proche des mouvements trotskistes comme le montre sa chanson Sans la nommer où il personnifie la révolution permanente, une des théories principales de Trotski. Pendant les trois décennies suivantes, il parcourt le monde pour se produire, mais surtout pour trouver de nouvelles inspirations. Le 8 janvier 2009, Georges Moustaki monte sur scène, à Barcelone, et explique au public que ses problèmes respiratoires ne lui permettent pas d'assurer le concert. Le 14 octobre 2011, le chanteur annonce à la presse qu'il est définitivement incapable de chanter….

Hier s'éteignait, dans sa 96e année, Stéphane Hessel qui a connu le succès en 2010 grâce à son petit ouvrage intitulé "Indignez-vous !" (décembre 2010) Dans ce manifeste, vendus à des millions d'exemplaires, il exhorte les jeunes générations à garder son pouvoir d'indignation. En voici la 4e de couverture : « 93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d' Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s 'indigner dans le monde complexe d'aujourd hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu il appelle à une « insurrection pacifique ».

Sylvie Crossman

A lire absolument. En plus, c'est un tout petit livre de 30 pages qui ne coûte seulement  que 3 euros... Je l'ai ressorti de ma bibliothèque et je compte m'y replonger.

J'ai vu avant-hier avec ma fille, Alceste à bicyclette . Un film épatant, drôle et intelligent ! J'ai ri aux éclats (au moins à trois ou quatre reprises). Les deux comédiens talentueux, Fabrice Luchini et Lambert Wilson, se livrent sur l'Ile de Ré, à un duel à coups d'alexandrins avec brio. Ils sont éblouissants. (Personnellement, je suis une inconditionnelle de Fabrice Luchini). En voici le résumé  : Gauthier Valence, un séduisant acteur à succès d'une série télé a décidé de monter lui-même Le Misanthrope  et  espère convaincre un grand comédien, Serge Tanneur, de remonter sur les planches. Ce dernier, lassé des trahisons du monde du spectacle, a brutalement tout arrêté et complètement coupé les ponts avec le métier. Il vit depuis trois ans en ermite, sur l'île de Ré, comme il peut, dans une vieille maison délabrée. Quand Valence lui propose de jouer dans Le Misanthrope, Tanneur, se laisse peu à peu tenter par la perspective d'incarner Alceste, car c'est sa pièce préférée et il se reconnaît dans ce protagoniste. Il impose à Gauthier, en alternant les rôles à pile ou face, de répeter le texte ensemble pendant une semaine avant de donner une réponse définitive. Entre les répétitions, des balades à bicyclette au bord de l'océan, des visites immobilières (car Valence est tenté par l'achat d'une maison dans l'île), la rencontre d'une belle Italienne divorcée, le film raconte aussi une histoire de rapport de force entre deux hommes unis par les vers de Molière. 

Ne manquez pas de lire la critique du cinéma Utopia

http://www.cinemas-utopia.org/toulouse/index.php?id=1859&mode=film

Et la bande-annonce qui nous plonge dans l'ambiance :

http://www.youtube.com/watch?v=G98Bp6aPAtY

       Photo Château des Ravalet (auteur Denis Blaizot)

                        Wikimedia Commons

Grâce au roman Ainsi puis-je mourir j'ai découvert la tragique et authentique histoire de Marguerite et Julien de Tourlaville, (que Viviane Moore a magnifiquement racontée), un frère et une soeur qui, au XVIe siècle, ont vécu leur amour incestueux jusqu’à la mort :

Julien et Marguerite de Ravalet sont les enfants de Jean III de Ravalet, seigneur de Tourlaville ; Julien de Ravalet naît en 1582 et Marguerite en 1586 au sein d'une famille qui compte onze frères et sœurs. Rapidement, leur complicité fraternelle mue en amour platonique, qui contraint leurs parents à les séparer. Ils envoient Julien au collège de Coutances à 13 ans. Trois ans plus tard, au retour de Julien, Marguerite est mal mariée à Jean Lefevre de Haupitois, non noble (sa richesse provient de la charge de collecteur de l'impôt royal) plus âgé qu'elle, le 16 mars 1600 en l'église Notre-Dame de Tourlaville. Son mariage n'est pas heureux et elle fuit le château conjugal, pour retrouver son frère. Ils se cachent en Bretagne puis à Paris. Arrêtés le 8 septembre 1603, sur demande de Jean Lefevbre, ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et condamnés à la décapitation. Malgré une requête de grâce de leur père auprès du roi Henri IV, ils sont exécutés le 2 décembre 1603 au matin, en place de Grève à Paris, après que Marguerite accouche d'un petit garçon qui ne survivra pas. Ils sont enterrés  dans l'église de Saint-Jean-en-Grève, avec l'épitaphe « Ci gisent le frère et la sœur. Passant ne t'informe pas de la cause de leur mort, mais passe et prie Dieu pour leur âmes ». Après l'exécution, leur père et leur oncle, abbé de Tourlaville, multiplient les actes de bienfaisance envers les pauvres et les dotations aux églises. Ainsi, Jean fait construire en 1625 un couvent de Bénédictines au 17 rue au Fourdrey à Cherbourg, dont Charlotte de La Vigne, sœur de l'épouse de Jean, est la première abbesse.